REFORME TERRITORIALE, REVUE DES MISSIONS : LA GRANDE LESSIVE

La fusion des régions prévue pour être effective au 1 er janvier 2016 et la revue des missions qui l’accompagne vont avoir des effets dévastateurs à plusieurs niveaux : en terme d’emplois, de mobilités (dont bon nombre seront forcées dans les faits), d’implantations des services. Les conséquences concernent à la fois les administrés, les agents mais aussi la survie de nombreux bassins d’emplois pour lesquels la suppression de services aura aussi un impact sur leur activité économique donc sur le niveau du chômage.

Que l’on ne s’y trompe pas, les discours lénifiants récités par les plus hauts représentants de l’Etat en région dans le cadre des réunions informelles relatives à la réorganisation de services de l’Etat et de ses opérateurs consécutives à la fusion des régions nous indiquant que l’impact serait limité, relèvent d’un [mauvais] tour de prestidigitation de débutant.

Bernard CAZENEUVE a récité le même « catéchisme » le vendredi 22 mai 2015 aux agents de la préfecture de la Seine-Maritime lors de son « allocution » devant eux en début d’après-midi. Tout en précisant quand même que la carte des sous-préfectures serait revue, sans en dire plus.

La réalité est pourtant bien différente et l’impact sera considérable. SUD INTERIEUR ne cherche pas ici à vous faire peur inutilement, simplement à vous informer d’un DANGER – souvent largement sous-estimé – que l’ensemble des structures de Solidaires Fonction Publique ont de nouveau mis en évidence lors d’une réunion nationale dédiée au sujet le 21 mai.

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SUD INTERIEUR ne s’attarde ici que sur les services territoriaux du ministère de l’intérieur, les préfectures et sous-préfectures.

Contrairement à ce qui est affirmé, il n’y aura pas que les agents des secrétariats pour les affaires régionales qui seront concernés. Derrière les discours évoquant le « renforcement » de l’échelon départemental, se cache un nouvel affaiblissement au profit de l’échelon régional.

Pour s’en convaincre, il faut préciser que lors de différentes réunions récentes, des préfets préfigurateurs ont précisé qu’il faudrait veiller à la cohérence des implantations des services de l’Etat avec ceux de la collectivité régionale nouvellement fusionnée, qui comme chacun l’aura deviné, ne sont pas exactement identiques…

Pour s’en convaincre encore, il suffit de consulter le document « REVUE DES MISSIONS :
PRINCIPALES PROPOSITIONS » du 19 mai 2015 du secrétariat d’Etat à la réforme de l’Etat et à la
simplification » : « Dans cette perspective, la transmission dématérialisée des documents budgétaires soumis à contrôle et prévue dans le projet de loi NOTRe, pourrait être étendue à tous les actes des collectivités de plus de 50.000 habitants. Aujourd’hui 41% de ces actes sont télétransmis via l’application ACTE, 43% des collectivités y étant raccordées. Au-delà, le Gouvernement pourrait engager un nouveau chantier de réduction de la liste des actes transmissibles, par bloc de compétences ».

« Il pourrait également être décidé de généraliser rapidement la régionalisation ou l’inter-départementalisation des demandes de transports exceptionnels. En matière de démarches de demande de titres d’identité ou de circulation, une évaluation de politique publique pourrait être lancée sans attendre pour renforcer la dématérialisation de ces démarches, l’externalisation vers les collectivités territoriales ou vers d’autres opérateurs.

Devraient également être étudiés le transfert des préfectures aux CCI de l’organisation des examens de taxis et la délivrance des cartes afférentes et celui, aux CCA, de la délivrance du titre de maître-restaurateur ».

Ceci afin d’assurer la suppression de 1 300 postes dans les préfectures et sous-préfectures en 2016/2017, soit un rythme supérieur à la moyenne de 500 par an depuis 10 ans (1). SUD INTERIEUR rappelle que 6 sous-préfectures ont étés supprimées dans les départements des Bas, Haut- Rhin et Moselle.

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En outre, SUD INTERIEUR rappelle que, comme l’avait révélé le magazine Challenges le 7 juillet 2014, un rapport rédigé par « huiles » ministérielles remis à Manuel VALLS – alors ministre de l’intérieur – prévoyait de supprimer 47 sous-préfectures, un haut fonctionnaire parisien déclarant même : « Si le ministère de l’Intérieur veut tenir ses objectifs de suppressions de postes, il est obligé de fermer des sous-préfectures » (2).

SUD INTERIEUR rappelle enfin que dans sa circulaire du 15 octobre 2014, Manuel VALLS devenu premier ministre, fixe les modalités de création des « Maisons de l’Etat » sur décision du préfet à l’échelon infra-départemental destinés à regrouper en un même lieu (mais parfois pour de simples permanences), plusieurs services de l’Etat, de ses opérateurs voire de collectivités locales.

Inutile de dire qu’il s’agit là encore de réduire la voilure. Dans sa partie « Administration territoriale de l’Etat », le rapport parlementaire sénatorial annexé au projet de loi de finances 2015 « étrille » d’ailleurs cette mauvaise idée : « Elles pourraient bien demain remplacer, à moindre coût, les plus petites sous-préfectures […] Pour votre rapporteur, la « Maison » de l’État ne peut remplacer « l’homme » de l’État, le sous-préfet, manifestation tangible de la présence de la République sur l’ensemble du territoire. Le regroupement de services déconcentrés, fut-ce dans une Maison de l’État, procède d’une logique de gestion oublieuse du besoin de représentation de l’État républicain ».

PASSAGE EN FORCE

Si le fond est catastrophique, que dire de la méthode ? A la hussarde, sans organisation d’un débat démocratique associant les élus, les organisations syndicales, les agents et les citoyens dans leur ensemble.

Ainsi, les préfets préfigurateurs doivent rendre leur copie sur l’implantation des services régionaux fin juin au premier ministre, celui-ci devant arbitrer pour un commencement de mise en chantier au 1 er janvier 2016 avec achèvement total en 2018. Autant dire que les dés sont « pipés » et que le contenu est déjà connu, les derniers arbitrages se faisant en « coulisses ».

Dans ces conditions, la convocation des organisations syndicales à des réunions régionales « informelles » n’est donc qu’un gadget destiné à simuler un débat inexistant. Bref, un véritable hold-up démocratique totalement méprisant.

L’URGENCE A CONSTRUIRE UNE REACTION D’AMPLEUR

L’enjeu va donc au-delà d’une simple vigilance sur l’obtention et le contrôle de mesures d’accompagnement satisfaisantes (sujet sur lequel notre Union syndicale sera naturellement vigilante), c’est d’abord de faire en sorte que cette démolition soit stoppée nette. Notre première obligation, c’est bien celle-là.

Conscients du danger, l’Union syndicale Solidaires – avec d’autres – ont déjà commencé à prendre des initiatives en ce sens dont nous aurons l’occasion de vous reparler.

Cette démolition concerne tous les citoyens, pas simplement les agents publics. Cette bataille, nous pouvons la gagner si nous nous mobilisons, TOUS ENSEMBLE et rapidement, car le gouvernement avance lui au pas de charge. C’est notre avenir qui est en jeu, prenons le en mains.

SUD INTERIEUR : DU FOND ET DE LA METHODE
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(1) Comme le rappelle également la CFDT dans son compte-rendu du comité technique spécial des préfectures du 12 février 2015

(2) Titre de l’article : « Ces 47 sous-préfectures qui seront rayées de la carte ».
Lien : http://www.challenges.fr/economie/20140703.CHA5768/ces-sous-prefectures-qui-seraient-effacees-de-la-carte.html

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VERSION PDF – REFORME TERRITORIALE ET REVUE DES MISSIONS, LA GRANDE LESSIVE

Loi sur le renseignement : tous fichés, tous coupables ?

L’Assemblée nationale vient d’adopter le 5 mai une loi liberticide à une incroyable majorité (1) au mépris de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen et notamment son article 2 posant l’obligation aux partis politiques de veiller et protéger les droits imprescriptibles.  

Parmi eux, ces droits, n’en déplaise au ministre de l’intérieur, figure le droit à la vie privée, un droit de l’Homme couvrant notamment le secret des correspondances, l’inviolabilité du domicile, et un autre, le droit à un procès équitable, totalement méprisé, puisque dorénavant tout le monde est susceptible d’être surveillé sans qu’il lui soit possible de s’assurer que cette surveillance est fondée, d’avoir la certitude d’être respecté.

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Cette nouvelle loi des suspects dopée aux nouvelles technologies de l’information et de la communication initie la surveillance industrielle des populations, au mépris du droit à l’information des personnes mises en cause dans les procédures judiciaires pourtant garanti par une loi très récente étrangement oubliée du législateur (2), soulignant sa stupéfiante incohérence à violer les textes qu’il vient juste d’adopter.

Si le législateur est nul en droit, il l’est également dans sa compréhension des évidences. Continuer la lecture

La loi Urvoas sur le renseignement s’inscrit dans la dérive antidémocratique de la politique actuelle

liberté expression terrorisme

La presse rapporte les grandes lignes du projet de loi que Jean-Jacques Urvoas (PS), enseignant en droit, propose au gouvernement (PS) de faire adopter par la majorité (PS). Cette loi est le dernier avatar d’un phénomène politique, qui joue de la confusion et procède de l’emprise anormale des considérations économiques dans le champ juridique ; pour aboutir à un mépris du droit lui-même.

L’envahissement du droit par des considérations qui lui sont étrangères est la cause des régressions démocratiques. Cette logique trouve dans le “terrorisme” un prétexte pour imposer encore plus vite cette régression du droit, alors que la nature économique du “terrorisme” est occultée du débat et qu’elle permet des moyens efficaces pour le prévenir sans avoir à menacer les droits fondamentaux. La loi Urvoas fait régresser les droits fondamentaux sans que cela soit justifié. Elle témoigne d’une même inspiration et des mêmes effets que la la loi Macron, puisqu’elles emportent une atteinte à la démocratie, une régression que l’on retrouve au niveau européen dans l’accord transatlantique.

Les actes criminels qualifiés de “terroriste” participent à la promotion d’une politique régressive en matière de droits de l’Homme, comme la dette publique sert de prétexte à la régression des droits sociaux économiques et culturels, qui sont également des droits de l’Homme. Continuer la lecture

Service public de la sécurité : les propositions [non exhaustives] de SUD INTERIEUR

Dans le cadre de notre contribution aux Cahiers d’Alter (à paraître prochainement) sur le service public de la sécurité, voici quelques propositions défendues par Sud Intérieur sur le sujet.

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SUD INTERIEUR défend l’idée d’un service public de la sécurité dont les exigences démocratiques vont bien au-delà de celles qui constituent la police d’aujourd’hui.

Mais défendre un service public de la sécurité suppose aussi d’avoir une réflexion globale sur la sécurité, notamment la sécurité privée.

À propos de laquelle SUD INTERIEUR demande l’organisation d’un large débat public. Le syndicat émet depuis plusieurs années différentes propositions nécessaires à faire évoluer positivement le service public de la sécurité.

Nous publions ici quelques propositions issues du dernier congrès de Sud Intérieur. Continuer la lecture

FONCTIONNAIRES ET AGENTS DU MINISTÈRE DE L ‘INTÉRIEUR : TOUS EN GRÈVE LE 9 AVRIL 2015

APPEL UNITAIRE DES SYNDICATS CGT INTÉRIEUR, FSU INTÉRIEUR ET SUD INTÉRIEUR SOLIDAIRES

Les organisations syndicales et les salariés du public comme du privé souffrent, depuis quelques années, si ce n’est d’une dizaine d’années, d’un recul dans les mobilisations. Pourtant, nous constatons quotidiennement que souffrance au travail et dans la sphère privée augmentent sans cesse, la première ayant souvent des conséquences sur la seconde.

Les différents gouvernements font mines d’ignorer l’ensemble de nos revendications faute del’existence d’un réel rapport de force. L’établir, c’est montrer notre mécontement auprès de nos employeurs en ne venant pas travailler lors d’un mouvement de grève !

Cette mobilisation doit également permettre de faire passer un message aux usagers du service public : votre dévouement quotidien fait oublier à ces derniers la réalité de vos conditions de travail dégradées !

Vous en avez marre de : Continuer la lecture

Pourquoi l’immigration est-elle devenue un sujet policier ?

Le samedi 7 février dernier, Sud Intérieur participait à un débat organisé par Causes Communes, revue de la Cimade, à Montreuil. Le thème: Pourquoi l’immigration est-elle devenue un sujet policier?

Denis Perais et Gaétan Alibert ont débattu pour le syndicat en compagnie d’Emmanuel Blanchard, maître de conférence à l’université de Versailles-Saint-Quentin et chercheur au Cesdip (Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales) et de Stéphane Maugendre, avocat au barreau de Seine-Saint-Denis et président du Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigré-e-s).

Sud Intérieur met en ligne le document de support élaboré pour ce débat.

Document de support Sud Intérieur et l’immigration – Débat Cimade 07 02 2015

Le revue Causes Communes mettra également à disposition une retranscription du débat dans son prochain numéro.

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Procédure d’entretien professionnel : bien s’y préparer

Comme chaque année, Sud Intérieur vous propose ce mini-guide de la procédure d’entretien professionnel.

Un moment important dans la vie professionnelle de l’agent qui peut aussi être un moment à risques. Il faut donc bien connaître ses droits pour les revendiquer face à sa hiérarchie et l’administration d’une manière générale.

Suivez le guide !

MINI-GUIDE : PROCÉDURE D’ENTRETIEN PROFESSIONNEL

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Suicide des policiers : des mesurettes qui passent à côté de l’essentiel

Le mercredi 28 janvier dernier, le ministre de l’Intérieur a dévoilé son plan de lutte contre le suicide dans la police. Si les mesures annoncées ne sont pas dénuées d’intérêt, elles démontrent une nouvelle fois que le ministère passe à côté du sujet principal : lutter contre les causes et non les conséquences.

Embauche de quelques psychologues et médecins de prévention, casiers individuels pour l’arme de service, fonctionnaires référents… ces mesures ont le mérite de créer de l’emploi et d’apporter une solution à court terme. Mais peuvent-elles réellement lutter profondément contre le mal-être policier ? Il ne faut pas oublier que le suicide n’est qu’une des facettes de ce mal-être : déprimes, dépressions, burn-out. Les risques professionnels ne se résument pas au suicide et de nombreux fonctionnaires souffrent dans leur cadre professionnel.

On aurait pu espérer une prise de conscience de l’administration qui souhaite réfléchir également à l’amélioration des conditions de travail mais là dessus, les propositions sont floues. On évoque une réflexion sur les cycles de travail. Pourquoi pas, mais cela reste léger, très léger même. D’ailleurs, on peut douter qu’elle aille dans le bon sens quand le ministre invite les chefs de service à « mieux gérer les tensions qui peuvent exister dans un service et générer un mal être chez les fonctionnaires ». Continuer la lecture