La Police Nationale vient de perdre deux de ses membres en quelques jours. Après l’attentat qui a frappé Stéphanie Monfermé, une agente administrative du commissariat de Rambouillet, c’est un policier, Eric Masson, qui a été tué dans l’exercice de ses fonctions à Avignon, lors d’un contrôle de police en matière de stupéfiants. Aux familles et services endeuillés, Sud Intérieur adresse une nouvelle fois ses condoléances.
Notre syndicat est attristé par ces pertes, qui plus est, dans des circonstances tragiques. Mais nous sommes également en colère de voir ces drames servir une nouvelle fois l’agenda sécuritaire d’une partie de la classe politique, médiatique et syndicale qui cherchent, à travers l’émotion légitime suscitée par ces tragédies, à exploiter la mort d’autrui pour enfermer la société dans un carcan liberticide et inégalitaire au profit de ses propres intérêts. Loin de prendre le recul nécessaire face à cette violence afin d’en analyser les causes, ils se livrent à un concours de fake news, d’amalgames et de propositions hors-sol, quand ce n’est pas la reprise de mesures qui… existent déjà.
La dignité due à la mémoire de nos collègues voudrait que le débat sur les questions de sécurité soit fait de raison et d’arguments factuels. Il n’est que pathos et travestissement de la réalité. L’enjeu est donc moins l’hommage aux victimes que d’utiliser ces drames pour imposer un projet de société mortifère.
Il semble donc essentiel pour Sud Intérieur d’apporter ici un certain nombre d’éléments qui sont pas ou peu visibles dans le débat public.
La mort et les policiers
Les meurtres de nos 2 collègues, dans un temps très proche, ont remis l’idée, dans le débat public, que les policiers étaient de plus en plus exposés à un risque de mort. Or, l’examen des faits et des statistiques en la matière démontre le contraire. Depuis le milieu des années 80, où les policiers étaient extrêmement exposés à la mort, notamment dans le cadre d’actes de terrorisme et de divers braquages, le nombre de policiers tués en mission n’a cessé de baisser. De manière circonstancielle, certaines années récentes ont été beaucoup plus dramatiques que d’autres en termes de policiers tués en mission, expliquant une légère hausse, mais globalement le chiffre des policiers tués volontairement lors de missions de police est à la baisse sur le temps long.
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