Ne pas perdre sa vie à la gagner

EPIDÉMIE DE CORONAVIRUS : NE PAS PERDRE SA VIE À LA GAGNER

« Fermer toute activité de production sur le territoire qui ne serait strictement nécessaire, cruciale et indispensable afin de nous garantir les biens et services essentiels »

C’est la décision qu’a [enfin] prise dans la nuit de samedi à dimanche le gouvernement italien, confronté à une situation sanitaire dramatique.
Une décision très tardive pourtant réclamée depuis longtemps par le maire de Bergame, Giorgio Gori : « Depuis au moins dix jours, je dis que toutes les activités non essentielles doivent être fermées. Les chaînes d’approvisionnement stratégiques – alimentation, santé, énergie – doivent être préservées et le reste fermé. À quoi bon garder une usine de boutons ou de jouets ouverte et interdire aux citoyens de faire du jogging à la campagne ? » (1).

En France, les appels incessants à la continuation de l’activité tous azimuts sont une folie. Si SUD INTÉRIEUR conçoit parfaitement que des agents publics et salariés du privé doivent être présents physiquement sur leurs lieux de travail pour certaines activités essentielles à la gestion de la crise qui ne peuvent être exercées à distance, elle doit être strictement limitée à ce cadre.

Pourtant, du président de la République en passant par le premier ministre et plusieurs ministres, tous précisent qu’il faut rester chez soi tout en allant …travailler.
Le dernier en date dans ce registre extrêmement dangereux a été le ministre des comptes publics, Gérald DARMANIN, ce 22 mars sur Europe 1 lors de son « Grand rendez-vous ».

Acte 1 : protégeons à tout prix la population

« Ce qu’il faut c’est protéger. Sans doute l’objectif n°1 que tout homme politique doit avoir, protéger sanitairement la population ».
Sauf que cette proclamation est immédiatement tempérée.

Acte 2 : au boulot

« Il faut pouvoir reprendre le travail le plus possible […]. Il est évident qu’il faut continuer à produire dans notre pays […] Je pense qu’une partie de ceux qui ont arrêté le travail puissent le reprendre […] Partout où on peut reprendre le travail ; partout où on peut payer ses fournisseurs ; partout où on peut reprendre le travail dans des conditions qui soient acceptables sanitairement pour les salariés, il faut pouvoir le faire […] Partout où on peut reprendre le travail, on doit pouvoir le faire ».

Medef et gouvernement toujours « main dans la main »

Dans la pratique, le gouvernement se fait [une nouvelle fois] le porte-parole zélé du Medef, qui, dans une lettre adressée à ses adhérents le 19 mars, exige que l’économie continue à tourner « coûte que coûte » : « Nous devons assurer la continuité de l’activité dans les domaines vitaux bien sûr, mais aussi dans tous les domaines connexes, puisque notre économie est intégrée et les secteurs interdépendants les uns des autres » (2).
Des propos non seulement irresponsables, mais aux conséquences potentiellement criminelles, puisque le retour au travail de millions de personnes dans un tel contexte reviendrait à mettre leur santé en danger au sens de l’article 223-1 du code pénal : « Le fait d’exposer directement autrui à un risque immédiat de mort ou de blessures de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité permanente par la violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou le règlement est puni d’un an d’emprisonnement et de 15000 euros d’amende ».

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