Policiers en colère : ne pas se tromper de combat !

VIRY-CHATILLON : LA VIOLENCE ET SON LOT D’HYPOCRISIE

La lâche et violente agression subie par nos collègues de Viry-Châtillon, à qui nous souhaitons un prompt rétablissement et assurons de notre soutien, a particulièrement ému les rangs de la police. Il a provoqué un mouvement de colère bien légitime au regard des conditions de travail indignes d’une démocratie saine. Peut-être parce que, justement, notre démocratie va mal.

Entendons-nous bien : il ne s’agit pas de réduire ici, comme le font nombre de syndicats de police, de membres de la hiérarchie policière ou de politiques, les conditions de travail au simple manque de moyens humains et matériels.

Les conditions de travail, ce sont aussi les conditions d’exercice d’une mission régalienne tant sur la forme que le fond. Un fond qui n’est pas ou peu interrogé.

Politique du chiffre, cogestion des carrières des agents entre syndicats et administration, culte financier de la performance, militarisation des forces de police, judiciarisation outrancière du renseignement, harcèlement moral, burn-out, aucune vision à long terme, etc : les sujets à débattre ne manquent pas.

Pourtant, alors que la violence frappe nos collègues, les mêmes discours réducteurs, simplistes et destructeurs polluent les médias, accompagnés d’une flopée de fausses et mauvaises solutions qui ne font qu’aggraver la situation depuis des décennies, comme la course à l’armement ou l’illusion protectrice de la présomption de légitime défense.

Tout est mis en œuvre pour ne pas parler des vrais problèmes de la société, des vraies causes de la violence. Tout est fait pour perpétuer un système inégalitaire qui profite à une minorité, en inventant par exemple des ennemis naturels aux policiers (jeunes de quartiers populaires, migrants, manifestants) alors même que l’ennemi du policier est ce système inégalitaire qui l’instrumentalise au quotidien.

Disons-le à nouveau : le policier ne tire aucun avantage de sa profession. Bien au contraire. Il subit les inégalités comme 99 % de la population.

Dans ce brouhaha politique et sécuritaire très médiatisé, la palme de l’hypocrisie est revenue aux têtes pensantes des « Républicains » qui ont promis des renforts policiers en cas de victoire électorale alors qu’ils avaient sabré les effectifs de la police et de la gendarmerie entre 2007 et 2012…

Un exemple d’hypocrisie qui ne peut qu’attiser la colère des policiers. Continuer la lecture