Ce mercredi 2 octobre, Sud Intérieur, comme la CGT Police, ne manifestera pas aux côtés des autres organisations syndicales de la Police Nationale dans une marche de la colère contre les suicides et les agressions.
Il serait faux de croire que Sud Intérieur refuse l’unité mais l’unité ne peut se faire à n’importe quel prix. Si la démarche d’unité syndicale d’Alliance Police Nationale est louable, la participation aux réunions préparatoires à cette marche nous ont confirmé que le syndicalisme policier faisait fausse route.
Sud Intérieur souhaite clarifier sa position en revenant sur deux points fondamentaux.
Une démarche plus corporatiste qu’unitaire
Notre pays a connu depuis 2016 deux mouvements sociaux de grande ampleur : le mouvement contre la Loi Travail en 2016 et les Gilets Jaunes depuis l’automne 2018. Deux mouvements porteurs d’espoir qui n’ont malheureusement pas réussi à modifier le cap libéral et autoritaire du gouvernement, agitant la menace d’un ennemi intérieur et de la violence pour créer la désunion et la peur de l’engagement.
Aujourd’hui, une importante réforme des retraites doit avoir lieu, énième attaque contre un modèle social protecteur. Face à l’ampleur de l’offensive libérale, les luttes corporatistes sont illusoires. Un mouvement social interprofessionnel est nécessaire pour construire une société plus juste, plus égalitaire, plus démocratique.
En s’enfermant dans une lutte corporatiste, l’intersyndicale de la marche de la colère s’éloigne un peu plus de la population, participant à creuser un gouffre que la répression des mouvements sociaux, par l’instrumentalisation de la police, a aggravé dans des proportions rarement atteintes.
La lutte corporatiste est une illusion, laissant penser aux fonctionnaires de la Police Nationale, qu’ils sauveront leurs acquis, là où tant d’autres vont les perdre. Mais au final, policiers, techniques et administratifs de la police finiront aussi par être pris au piège de la logique libérale.
Une intersyndicale pour renforcer un discours sécuritaire
Si l’intersyndicale a voulu des mots d’ordre les plus généralistes possibles, n’oublions pas que la logique majoritaire qui se dégage du syndicalisme policier reste une logique profondément sécuritaire. Une logique qui sert les intérêts d’un système capitaliste moribond et mortifère plus qu’elle ne sert les intérêts des policiers et de la population.
En jouant cette carte, les policiers s’éloignent des luttes sociales et démocratiques dont la société a plus que jamais besoin. Sud Intérieur est conscient que son positionnement est minoritaire au sein de la police mais nous sommes aussi conscients que notre positionnement est celui qui permettra de replacer la police dans le cadre d’une saine démocratie, et les policiers dans des valeurs de solidarité à même de les inclure dans les luttes pour répondre aux urgences climatiques, sociales et démocratiques.
Les suicides et les violences contre les policiers prennent leur source dans une violence sociale qui touche l’ensemble de la population. On constate également des suicides et des agressions contre les personnels hospitaliers, contre les enseignants, contre les agents des finances publiques, contre les agents de préfecture, en fait partout où il y a des manques de personnels et une augmentation de la charge de travail des agents, impliquant une baisse de la qualité du service rendu aux usagers des services publics.
C’est donc en œuvrant ensemble à une société meilleure que nous pourrons répondre aux exigences de sécurité et de bien-être de nos collègues. Et non en s’enfermant dans l’illusion sécuritaire qui n’aura pour conséquence qu’une aggravation des violences contre eux et de leur mal-être.
Il est nécessaire de sortir d’une corporatisme délétère.
L’illusion sécuritaire est un danger pour la société et les policiers.
Seule l’union des salariés du public et du privé est à même de contrer l’offensive libérale.
L’unité doit aboutir à transformer la société et non à gagner quelques miettes dans son coin.
C’est pour toutes ces raisons que Sud Intérieur ne marchera pas le 2 octobre et appelle les personnels de la Police Nationale et du ministère de l’Intérieur à rejoindre la lutte unitaire interprofessionnelle contre la nouvelle réforme des retraites.
SUD INTÉRIEUR, DU FOND ET DE LA MÉTHODE
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