Tous en grève le 20 novembre

7 fédérations syndicales de fonctionnaires appellent à faire grève et à manifester le mardi 20 novembre

pour obtenir de véritables négociations salariales, pour dénoncer les suppressions de postes et les projets visant à dynamiter le statut général des fonctionnaires. Les motifs de se mobiliser ne manquent pas.

POUR LES SALAIRES

Le gouvernement s’obstine à refuser des augmentations en points d’indice pour tous, en lui préférant des augmentations individuelles ciblées, notamment à partir d’une modulation salariale basée sur “l’atteinte des objectifs”. Alors même que nous avons perdu plus de 6 % de pouvoir d’achat depuis 2000 !

D’ailleurs, l’austérité salariale n’est pas pour tout le monde. Pendant sa campagne électorale, notre président avait précisé : ” Je serai le président du pouvoir d’achat.”(Le Canard Enchaîné, 31.10.07). Il fallait en fait comprendre : ” Je serai le président de MON pouvoir d’achat.” Le Parlement a donc approuvé une augmentation de salaire de ce “nécessiteux” de 172 % !!!(1). Augmenter les salaires, c’est donc possible. Il suffit de supprimer les 15 milliards d’euros annuels de cadeaux fiscaux consentis aux plus nantis dans ce que l’on appelle le “paquet fiscal” pour les utiliser, entre autres, à cet objectif.

POUR L’EMPLOI

Chez nous comme dans toutes administrations, les effectifs diminuent comme peau de chagrin, détériorant chaque jour un peu plus les conditions de travail des agents, dont certains sont aussi bien usés physiquement que psychologiquement par la pression que cela engendre. Pour Sud Intérieur, cet aspect des choses est particulièrement important car il y va de la santé des individus.

Aussi, les déclarations d’intention de nos différents représentants de l’Administration ne sont que chiffons de papier et n’engagent à rien. Continuer dans cette spirale de suppressions de postes relève d’une totale irresponsabilité. L’autre conséquence étant bien évidemment la dégradation de la qualité du service public, notamment envers les plus précarisés, ceux qui en ont le plus besoin. Pour remédier à ce problème, une solution simple : d’abord l’arrêt immédiat des suppressions de postes et ensuite le recrutement de personnel statutaire.

POUR UN STATUT DE LA FONCTION PUBLIQUE RENFORCE

Le statut, aux garanties collectives bénéficiant à tous, voilà l’ennemi à abattre pour le gouvernement. C’est dans le cadre de cet objectif que va être accentuée l’individualisation des rémunérations en fonction de l’atteinte “d’objectifs”. Le maintien de la seule évaluation est la clé de voûte de ce dispositif de modulation salariale. Il signifie, si nous n’obtenons pas son retrait, la fin de l’unicité du statut de fonction publique. Un autre élément pour le détruire est de laisser la liberté au nouvel entrant de “choisir” entre le statut et un contrat privé de gré à gré(c’est à dire à la merci de l’employeur). Cette variante visant, au fil du temps, à marginaliser le recrutement par concours au profit d’un recrutement sur “profil” (2). Il faudrait donc alors se vendre. Ce système a déjà été expérimenté à La Poste et à France Telecom, qui ne recrutent plus depuis des années que des personnels contractuels pour cause de privatisation. Avec des effets désastreux pour les agents et pour les usagers transformés en clients. Sud intérieur revendique, dans la fonction publique, la titularisation des contractuels puis ensuite le rétablissement du recrutement d’agents statutaires.

Ce 20 novembre nous ne serons pas les seuls à être dans l’action. Après les mobilisations réussies du 18 octobre dernier, puis du 25 au 29 octobre, avec la grève (85 % de grévistes !) des hôtesses et stewarts d’Air France pour une augmentation de leurs salaires gelés depuis plusieurs années et une amélioration de leurs conditions de travail déteriorées par la course à la rentabilité, d’autres actions ont démarré.

A la SNCF, à la RATP et dans le secteur de l’énergie, un certain nombre d’organisations syndicales appellent à des grèves potentiellement reconductibles à partir du 14 novembre. Dans les universités, la mobilisation s’organise pour obtenir le retrait du projet de loi sur l’autonomie de l’enseignement supérieur (et soutenir les salariés en lutte), qui vise en fait à le livrer aux entreprises privées, tout en augmentant les droits d’inscription des étudiants et en démontant les statuts d’emploi des personnels. Le 29 novembre, le Syndicat de la Magistrature (SM) et les principaux syndicats de fonctionnaires de justice (USAJ, CGT, CFDT) seront en grève pour continuer de combattre la refonte de la carte judiciaire menée à la hache par Rachida Dati. Sans parler de la mobilisation qui continue pour l’abrogation des franchises médicales.

Dans le privé, les conflits n’ont jamais été aussi nombreux, y compris dans de petites entreprises, même si les médias n’en parlent pratiquement jamais. Ils portent principalement sur les revalorisations salariales et les conditions de travail. Ainsi, le 20 novembre, le secteur de la construction sera lui aussi dans la bagarre ; le 22 novembre, les salariés de l’ancien Crédit Lyonnais devenu Banque LCL sont appelés à se mettre en grève pour obtenir des augmentations de salaires et l’amélioration de leurs conditions de travail.

Privé comme public, nous sommes tous concernés par le combat sur les régimes spéciaux (voir pages 3 et 4), par le maintien et l’amélioration d’une protection sociale pour tous, par l’augmentation des salaires et l’amélioration des conditions de travail, par le développement des services publics, par le maintien et l’amélioration du statut de la fonction publique (son démantèlement aurait immédiatement des conséquences sur les salariés du privé qui verraient dans la foulée la mise à mort du CDI). Le Medef a déjà fourbi ses armes pour détruire encore un peu plus le droit du travail dans le secteur privé.

Ce qui se joue donc aujourd’hui est d’une importance capitale. De l’issue des conflits en cours dépendra l’évolution des droits des salariés. Si nous obtenons ce que nous demandons (au moins en partie), nous aurons réussi à stopper la spirale régressive à l’oeuvre depuis plusieurs années. Nous pourrons alors imposer d’autres choix. Par contre, un échec aurait des conséquences catastrophiques pour les salariés et plus généralement pour tout le monde, en tout premier lieu pour les plus précarisés.

POUR TOUTES CES RAISONS, LA MOBILISATION DE CE 20 NOVEMBRE DOIT ETRE EXCEPTIONNELLE.


Quelques informations sur le régime indemnitaire

Nous arrivons en fin d’année et nous allons savoir si la totalité de notre régime indemnitaire nous sera versé. Car ce n’est pas une obligation. L’Administration centrale a donné les instructions suivantes aux Préfets: Une baisse de ce régime au delà de 10 % maximum pour les catégories B et C et 20 % pour les A ne peut être motivée que par une «  carence professionnelle avérée[…]qui ne peut en tout état de cause donner lieu à une modulation supérieure à 30 % en deçà du TMO ».

Pour cette dernière hypothèse, la décision doit faire « l’objet d’un rapport circonstancié ». Dans les autres cas de baisse inférieure, « toute diminution[…]doit donner lieu systématiquement à un entretien individuel permettant au fonctionnaire de connaître les motifs de cette raréfaction ».

En tout état de cause, n’hésitez pas à interroger vos chefs de bureau ou autres directeurs pour savoir si vous pourriez être concernés par ces mesures. Sud Intérieur sera présent pour informer des suites à donner tous les agents qui seraient confrontés à un éventuel refus de communication de cette information et/ou concernés par une baisse de leur régime indemnitaire.

Les instructions précisaient aussi : « Je vous demande de bien vouloir assurer une large diffusion de ces informations auprès des agents placés sous votre autorité ». Cela n’a pas été le cas partout, loin de là…


MENSONGE SUR LES RETRAITES

Sur la base d’un énorme mensonge, le gouvernement nous présente comme « équitable » la contre-réforme des régimes spéciaux de retraite. Tous les salariés cotiseraient pour que cheminots et gaziers profitent de « confortables avantages ». Présentée comme inéluctable, elle est pourtant une grande arnaque pour tous.

POURQUOI CE MENSONGE ?

  • pour définitivement faire sauter toute référence aux 37,5 années de cotisation (dont bénéficient encore ces régimes spéciaux) ;
  • pour engager ensuite, dès 2008, un nouvel allongement de cette durée de cotisation : 41, 42 puis 45 annuités pour obtenir une pension à taux plein. Cette fois pour tout le monde.

Au bout du compte, cela reviendrait à travailler plus pour gagner moins !!!

TRAVAILLER MOINS POUR VIVRE MIEUX – NOS REVENDICATIONS

  • retour aux 37,5 annuités pour tous et moins pour les métiers pénibles, dans le privé comme dans le public ;
  • calcul de la pension sur les 6 meilleurs mois au lieu des 25 pour les salariés du privé ; maintien du calcul sur les 6 derniers mois pour le secteur public ;
  • un niveau de pension d’au moins 75 %  ;
  • pas de pension inférieure au SMIC ;
  • indexation des pensions sur les salaires et non sur les prix (3) ;
  • maintien et renforcement du système solidaire par répartition.

C’EST PARFAITEMENT POSSIBLE ! LES RICHESSES PRODUITES PAR LES SALARIES DOIVENT LEUR REVENIR !!!

L’objectif est d’opposer les salariés du privé et du public entre eux, mais aussi les usagers aux grévistes, histoire de détourner l’attention sur l’essentiel : la politique de démolition sociale.

LES VERITABLES PRIVILEGIES

Un régime spécial réservé à des nantis dont vous n’entendrez pas beaucoup parler en ce moment : celui des PDG ou autres cadres dirigeants d’entreprise qui bénéficient de confortables retraites – chapeau. Deux exemples parmi d’autres :

En 2003 (4), le PDG du groupe Rodia, Jean – Pierre Tirouflet est limogé de son poste par les actionnaires pour avoir conduit l’entreprise au bord du gouffre avec 1,3 milliards d’euros de pertes. La sanction fût « terrible » :

  • 2,1 millions d’euros d’indemnités de départ (soit 140 années de salaires d’un smicard) avec un bonus de 5,3 millions d’euros au titre de la retraite complémentaire (soit 662 années de retraite d’un smicard !).

Et, il est loin d’être le seul dans ce cas. Et il a cotisé beaucoup moins que 37,5 annuités pour l’obtenir ! Pour lui comme pour ses collègues, le régime spécial, c’est travailler moins pour gagner beaucoup plus !!!

Un autre exemple tout aussi édifiant concerne Arnaud Lagardère, actionnaire d’EADS mais aussi propriétaire de médias (Europe 1, Elle, Paris Match, Le Journal du Dimanche mais aussi première actionnaire du Monde etc…).

Cet ami du président est sérieusement soupçonné de délit d’initiés pour avoir vendu en avril 2006 ses actions EADS avant que leur cours ne chute en Bourse suite à des retards dans la livraison de l’Airbus A 380. C’est en tout cas les conclusions de l’Autorité des Marchés Financiers qui a transmis le dossier à la justice.

Lagardère Arnaud a réalisé personnellement une plus value de… 60 M€ agrémentée d’un cadeau fiscal de… 4 M€ offert par le ministère des Finances de l’époque dirigé par Thierry Breton (5). Sauf erreur, le président actuel et certains des ministres du gouvernement appartenaient déjà au pouvoir précédent. Aucun n’a dénoncé ce véritable scandale… Et Arnaud Lagardère n’a pas été débarqué de l’actionnariat d’EADS. Cette confortable plus value personnelle (pour le groupe Lagardère, cette plus value se situe à 850 M€ !) a évidemment une contrepartie : la suppression de milliers de postes chez Airbus en France et en Allemagne.

Au-delà de ce potentiel délit d’initiés, les transactions boursières ne sont pas assujetties aux cotisations sociales. Vu leur volume quotidien, il y aurait pourtant vraisemblablement de l’argent à récupérer…

Au bout du compte, la politique de rallongement de la durée de cotisation avec décote en cas d’absence de la totalité des annuités pénalise tous les régimes : spéciaux, des fonctionnaires et général. Les conséquences sont connues : « Surtout, personne ne doit ignorer que si nous n’inversons pas la tendance, le niveau des retraites du privé sera à l’avenir de l’ordre de 47 % du dernier salaire, alors qu’il était en moyenne de 81 % en 1998. Et la réforme des régimes spéciaux n’y change rien » (6).


(1) On avait d’abord parlé de seulement 140 % d’abord ; le 9 novembre 2007, Daniel Schneidermann évoque lui dans le journal Libération une augmentation de 206 % ! ;
(2) on peut imaginer à terme que ce choix n’existerait plus si cette modalité était introduite ;
(3) Comme l’a rappelé Bernard Thibault dans une une interview au Journal du Dimanche du 11 novembre 2007, « la désindexation des retraites sur les salaires a fait perdre 20 % de la pension sur vingt-cinq ans. » ;
(4) l’exemple provient d’un article de l’hebdomadaire Marianne le du 29 septembre 2007 ;
(5) Ces informations sont cités dans Le Canard Enchaîné du 24 octobre 2007 ;
(6) Bernard Thibault dans Le Journal du Dimanche du 11 novembre 2007.


Solidaires Unitaires Démocratiques Intérieur
Membre de Sud Collectivités Territoriales
Membre de l’Union Syndicale Solidaires
Novembre 2007