Contre-réforme des retraites : après le succès du 5 décembre, amplifions !

CONTRE-RÉFORME DES RETRAITES : APRES LE SUCCÈS DU 5 DÉCEMBRE, AMPLIFIONS

ENCORE LA MOBILISATION POUR OBTENIR LE RETRAIT DU PROJET GOUVERNEMENTAL

LE 10 DÉCEMBRE : SOYONS ENCORE PLUS NOMBREUX EN GRÈVE ET EN MANIFESTATIONS

Retraite par points = nouvelle baisse programmée des pensions

Des baisses déjà entamées par les contre-réformes successives des retraites engagées depuis 1993, l’année où sera décidé que le calcul du montant de la pension des salariés du privé ne le serait plus sur les 10, mais sur les 25 meilleures années. Résultat : « Pour les générations nées entre 1945 et 1954, la baisse de la pension de base a atteint 16 % pour les hommes et 20 % pour les femmes » (1).

Pas besoin d’avoir fait « Polytechnique » pour comprendre, dans ces conditions, que le passage à un calcul sur l’ensemble de la carrière pour comprendre que le résultat sera identique, pour les fonctionnaires en premier lieu, dont la pension est calculée à partir de la rémunération reçue (hors primes) sur les 6 derniers mois.

François FILLON, l’un des fossoyeurs du système solidaire et collectif des retraites par ses contre-réformes de 2003, 2007 et 2010, n’avait pas dit autre chose le 9 mars 2016 devant un parterre de « grands patrons » à l’invitation de la très patronale Fondation Concorde (2) : « Le système de retraite par points, j’y suis favorable mais il ne faut pas faire croire aux Français que cela va régler le problème des retraites. Le système par points, en réalité, ça permet une chose […] Ca permet de baisser chaque année le montant des points, la valeur des points, donc de diminuer les pensions ».

Il confirmait l’analyse d’un ancien Premier ministre suédois, commentant les conséquences de la mise en place du même système dans son pays : c’est « le meilleur système de retraites au monde. Mais son seul petit défaut, c’est qu’il fait baisser les pensions ! » (3).

En France, nous avons aussi un exemple qui démontre qu’un système par points a la même issue : celui des régimes complémentaires AGIRC/ARCO des salariés du privé : « Entre 1990 et 2009, le taux de remplacement de ces régimes a diminué de 30 % » (4).

Retraite par points = nouveau creusement des inégalités femmes/hommes

Dans les régimes complémentaires par points précités, « les pensions des femmes représentent entre 41 % (Agirc) et 61 % (Arrco) de celles des hommes, contre un ratio compris entre 74 % et 90 % pour les régimes en annuités. Le rapport est systématiquement plus faible dans les régimes à points » (1).

Ainsi, en Suède où « ces dernières touchent environ 600 euros de moins que les hommes » (3).

Soit une situation pire qu’en France, où une femme touche en moyenne une retraite inférieure de 24,9 % à celle d’un homme, ce qui est déjà scandaleux (5).

Retraite par points = travailler plus longtemps, au détriment de

ceux qui ont une espérance vie moins importante

« Ainsi, les ouvriers meurent en moyenne six ans plus tôt que les cadres. Le niveau de revenu joue également un rôle : les 5 % les plus aisés ont une espérance de vie supérieure de treize ans à celle des 5 % les plus pauvres chez les hommes, et de huit ans chez les femmes ».

Autrement dit, en allongeant encore et toujours la durée au travail, les plus pauvres risquent bien de ne jamais atteindre l’âge de la…retraite.

Affaiblir le régime par répartition solidaire et collectif pour ouvrir toutes grandes les portes à des fonds de pensions côté en Bourse et individualisés au profit

des assurances, des banques ou autres fonds d’investissement

Si, évidemment, les termes « fonds de pension » ou de « capitalisation », ne sont jamais prononcés par les représentants du gouvernement, qui « jurent », « main sur le cœur », que son projet de système par points vise à pérenniser la répartition, il s’agit d’un mensonge.

Ainsi, Axel de TARLÉ, l’un des chroniqueurs [très patronal] d’Europe 1, n’aura pas ces « précautions » de langage le 3 octobre dernier (6), en rappelant l’évidence :

« Le gouvernement vient d’introduire des “fonds de pension” à la française (7). Depuis le 1er octobre, on peut préparer sa retraite en investissant dans le “Plan Epargne Retraite”. L’argent est investi en Bourse, avec avantage fiscal et vous sera rendu à la retraite […] Le PER (le Plan Épargne Retraite) est effectif depuis le 1er octobre.

Le gouvernement est discret parce que derrière ce “Plan Épargne Retraite”, il y a deux gros mots. D’abord, la ” retraite par capitalisation “. Cela signifie la fin de la solidarité, chacun économise donc dans son coin pour ses vieux jours.

L’autre gros mot c’est “Fonds de Pension”. L’argent récolté va en Bourse et, dans l’inconscient collectif, la Bourse, c’est la spéculation et les ” licenciements boursiers”. Donc, autant rester discret. Il n’est pas prévu par exemple de parler de ce PER pendant le grand débat sur la retraite même s’il est bien effectif depuis mardi dernier ».

Des fonds de pension totalement inégalitaires, au détriment des moins fortunés. Et qui présentent l’énorme danger de la « faillite », comme cela s’est produit à de nombreuses reprises durant les vingt dernières années dans plusieurs pays étrangers, ruinant ainsi les salariés concernés.

Il s’agit donc aussi d’une très mauvaise idée ; quel gouvernement s’est pourtant empressé de reprendre pour satisfaire une demande du MEDEF, en particulier de ses adhérents sociétés d’assurance, banques ou autres fonds d’investissement, particulièrement alléchés par ce potentiel lucratif marché [pour eux].

Nous voulons une véritable réforme des retraites améliorant la situation

Le retrait indispensable du projet gouvernemental ne signifie pas pour autant que nous souhaitons le maintien du statuquo actuel. Tout simplement parce que les contre-réformes successives depuis 1993 ont déjà eu des effets extrêmement négatifs sur le niveau des pensions.

Nous ce que nous voulons, c’est tout simplement l’annulation de toutes les mesures prises depuis plus de 25 ans.

Nos revendications

  • l’égalité entre les femmes et les hommes au travail comme dans la retraite

  • un taux de remplacement à 75 % des dix meilleures années ou du dernier indice,

  • une durée de cotisation ramenée à 37 ans et demi,

  • pas de pension inférieure au seuil de pauvreté,

  • – départ à 60 ans, à 55 ans pour les métiers pénibles, pas de recul sur les droits acquis.

Pour vous informer : rendez-vous sur le site dédié particulièrement complet de notre Union syndicale Solidaires https://solidaires.org/Reforme-des-retraites-283

SUD INTÉRIEUR : DU FOND ET DE LA MÉTHODE. REJOIGNEZ SUD INTÉRIEUR

Retrouvez la réforme des retraites par Emma ici : https://emmaclitdotcom.files.wordpress.com/2019/09/cest-quand-quon-arrc3aate-1.pdf

(1) Source : l’ article particulièrement bien documenté de la chercheuse Christine MARTY paru dans Le Monde diplomatique de mai 2019, et au titre éloquent, « Au nom de l’équité, davantage d’inégalités », consultable ici : https://www.monde-diplomatique.fr/2019/05/MARTY/59866. Les deux régimes complémentaires du privé sont fusionnés depuis le début de l’année

(2) Passage à écouter ici, entre 43 minutes 37 et 44 minutes : https://actu.fr/politique/video-retraites-retraites-propos-francois-fillon-refont-buzz_29956602.html

(3) Source : chronique du journaliste Vincent TOURAINE sur France info le 3 décembre 2019 et consultable ici : https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/le-brief-eco/le-brief-eco-l-exemple-de-la-retraite-par-points-en-suede_3709071.html

(4) Extrait de la brochure réactualisée en octobre 2019 sur les retraites de notre Union syndicale consultable ici : https://solidaires.org/Reforme-des-retraites-283

(5) Source : Enquête « Les retraites et les retraités », édition 2018 , publiée par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) rattachée au ministère du travail, consultable ici : https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/retraites_2018.pdf

(6) Dans une chronique écoutable ici : https://www.europe1.fr/emissions/axel-de-tarle-vous-parle-economie/reforme-des-retraites-les-fonds-de-pension-arrivent-en-france-3923200

(7) Par la loi n° 2019-486 du 22 mai 2019 relative à la croissance et la transformation des entreprises, dite loi PACTE