Conditions de travail : on nous prend pour qui ?

Pour des imbéciles ?

C’est du moins ce que l’on est en droit de penser en prenant connaissance de l’extrait de la réponse faite à la secrétaire générale de la fédération générale des fonctionnaires FO par le ministre Eric Woerth et le secrétaire d’Etat André Santini le 17 mars 2009.

Main sur le coeur, ils affirment : « Mieux gérer les carrières des fonctionnaires, c’est également améliorer leurs conditions de travail ».

Sauf que les compressions massives d’effectifs et les réorganisations-suppressions de services avec leur cortège de mobilité, souvent non souhaitée ou acceptée pour éviter une situation encore plus exécrable, sont le contraire absolue d’une amélioration des conditions de travail !!!

Conditions de travail : la côte d’alerte est dépassée

Car, la réalité en Préfecture et Sous-préfectures mais aussi dans les juridictions administratives, c’est bien celle-là. Combien de collègues( y compris dans la hiérarchie intermédiaire) n’ont – ils déjà pas craqué ? Beaucoup trop.

Qu’ils soient déjà malheureusement en dépression, en arrêt de travail, qu’ils s’en prennent à d’autres collègues verbalement, voire physiquement, à des usagers, qu’ils fondent en larmes, qu’ils souffrent en silence, gardant leur douleur enfouie à l’intérieur.

Mais cette souffrance, qui s’exprime souvent sous le prisme de conflits de personnes, masque en fait les véritables causes d’une situation véritablement catastrophique, dont la réalité est soigneusement niée ou minorée par nos principaux dirigeants (hauts fonctionnaires ou ministres).

Mais que pèse à leurs yeux la santé des agents dans face à leur obsession de « réformer »[casser]le service public ?

Car, mettre en place la RGPP, c’est bien signer le décès d’une administration au service des usagers.

L’organisation du travail : machine à broyer les agents

Singeant le privé, l’administration a importé depuis plusieurs années un management brutal dont l’objectif est quadruple :

  • augmenter toujours plus la productivité destinée à réduire les coûts,donc les effectifs (la mise en place d’indicateurs, qui abrutissent tout le monde, est un des éléments privilégiés de cette politique. Ils permettent ensuite de comparer les résultats par service des préfectures et des juridictions adminisstratives (ainsi mises en concurrence) pour les aligner toutes sur les…plus « productives ». En anglais, cela porte un nom : le benchmarking ;
  • mise en concurrence des agents à travers la mise en place progressive depuis plusieurs années d’une évaluation individuelle et de primes modulables en fonction de l’atteinte d’objectifs individuels et collectifs sans cesse revus à la…hausse. Un terme générique est souvent utilisé pour décrire ce phénomène : l’individualisation ;
  • démolir à « petit feu » le statut de la fonction publique aux garanties COLLECTIVES profitant à tous et jugé « trop protecteur ». Ce travail de détricotage se fait par petites touches successives ; mais une nouvelle étape décisive pourrait être franchie en cas de vote par le Parlement du projet de loi sur la mobilité et le parcours professionnel des agents. Il faut de toutes nos forces nous y opposer ;
  • marginaliser les organisations syndicales, en les transformant en « amortisseurs » pour faire « passer la pilule ». Sud Intérieur refuse bien évidemment ce rôle de courroie de transmission.

Une obligation : résister collectivement

Devant un telle situation, les agents qui souffrent au travail doivent notamment et impérativement éviter deux écueils : culpabiliser (parce qu’ils se rendraient coupables de ne plus arriver à faire le travail) ; se replier sur eux-mêmes et souffrir en silence dans leur coin.

Ils doivent au contraire prendre contact avec les médecine du travail et/ou de prévention, mais aussi bien évidemment avec les organisations syndicales. Sud Intérieur fait de ce sujet une priorité revendicative.

Avec Sud Intérieur, vous êtes certains d’avoir écoute attentive, discrétion, mais aussi une analyse de la situation et des propositions (toujours établies après discussion et accord des agents) pour tenter d’y trouver des solutions face à l’administration.

La situation ne peut plus durer. L’administration ne pourra pas dire qu’elle ne savait pas.

Conditions de travail : le nouveau SIV

Dire que la mise en place du nouveau système d’immatriculation engendre et continuera d’engendrer une dégradation des conditions de travail des agents intéressés est un euphémisme.

Un signe montre que la situation n’est pas brillante : l’organe de propagande de la Préfecture, Flash PREF 76 n° 243 du 14 avril 2009, le reconnaît, même de manière adoucie : « Bien que formés à cette nouvelle réglementation[…]les agents rouennais, havrais et dieppois attendent cette arrivée avec une certaine appréhension […]D’une part, parce qu’il y va falloir, dans un premier temps gérer deux systèmes différents ; d’autre part, parce qu’il n’y aura plus de saisie centralisée en arrière du guichet, une organisation qui avait permis de diviser par trois les temps d’attente ». Sachant que «  cette nouvelle façon de procéder ne devrait pas avoir d’effets immédiats sur l’affluence aux guichets ».

Et il n’y a effectivement qu’à voir la longueur des files d’attente, pour comprendre que les collègues n’ont pour seul horizon durant la journée que la vue ininterrompue d’usagers. Or nous savons que cette vue est une source de stress aigüe qui rencontre parfois celui d’usagers impatients, exaspérés par une attente qu’il juge trop longue.

Et évidemment, qui est en première ligne pour faire face à leur mauvaise humeur ? Les collègues, pas ceux qui ont décidé en haut lieu, conseillés par des « experts » de la coupe budgétaire, la modification du système d’immatriculation, qui pour la plupart, ne savent même pas ce que représente la difficulté de cette tâche !

« Cerise sur le gâteau », des agents qui auront eu à assumer la transition entre les deux systèmes, devront en outre se coltiner assez rapidement, une nouvelle remise en cause professionnelle, puisqu’ils devront changer d’affectation !!

A part ça, on voudrait nous faire croire que les fonctionnaires ne sont pas encore assez « adaptables »… Quant à un éventuel remerciement sous forme d’augmentation de salaires, le gouvernement ne semble toujours pas disposer à nous l’accorder. Résultat : démotivation grandissante.

Une dégradation du service à prévoir

En transférant progressivement la charge de travail aux professionnels, c’est bien ce qui devrait arriver, notamment parce que les personnels qui devront être inévitablement recrutés par les entreprises seront moins bien formés que les fonctionnaires, et par dessus le marché, moins bien protégés par leur statut d’emploi, sans parler d’une rémunération encore inférieure à celle déjà maigrelette des agents des guichets. Le bonheur pour le… patronat !!!

Une dimension occultée : un nouveau service public bradé aux intérêts privés…

Car, il s’agit bien d’une privatisation qui ne dit pas son nom. Certaines professions exultent littérallement. C’est le cas de Pascal Lebas, représentant de la Fédération de l’industrie des équipements pour véhicules (FIEV) : «  Le nouveau système d’immatriculation des véhicules (SIV) « est une opportunité qui nous permettra de mieux résister à la crise » […] En quelques années, une grande partie du parc existant sera ré-immatriculée, ce qui « générera une activité soutenue à moyen terme  (1). Un beau cadeau…

Quand aux professionnels de la vente de véhicules, ils ne manqueront pas de prendre [c’est déjà le cas pour certains] leur lucrative petite commission pour « frais de dossiers ».

…payé au prix fort par les usagers

Car en plus de la dégradation du service engendrée par sa privatisation, les usagers devront aussi mettre la main à la poche. Il faut bien assurer la marge bénéficiaire des…entreprises, qui ne « rasent » jamais gratis. Une seule loi règne dans ce monde : celui du profit maximum.

Ainsi, les automobilistes devraient subir «  une hausse des prix de vente [des plaques] de plus de 20 % »  (1) à laquelle s’ajoutent « une taxe de gestion de 4 € » ainsi que « 2,50 € de frais d’envoi en lettre suivie de la carte grise » (1).

La morale de l’Histoire

Démolition du service public = privatisation = dégradation de la qualité du service = augmentation du prix pour les usagers.

Un adage une nouvelle fois vérifié par l’exemple que nous venons d’évoquer et comparable aux nombreux exemples antérieurs de privatisation totale ou partielle : France Télécom, Air France, autoroutes, EDF/GDF, la distribution de l’eau etc…

Les discours officiels repris en boucle par les médias ne cessent pourtant de nous dire qu’il faut réduire le nombre de fonctionnaires pour diminuer la dette. Sous entendu, nous coûtons trop cher. Pourtant, notre prix était moins élevé que celui du privé… Cherchez l’erreur !!!Sur ce coup-là encore, le gouvernement fait une nouvelle fois la politique de son donneur d’ordre : le patronat. Il vient aussi d’annoncer qu’il refusait de donner « un coup de pouce » au SMIC au 1er juillet.

Cette politique, nous devons faire en sorte qu’elle s’arrête. Le 1er mai, tous ensemble, encore plus nombreux que le 19 mars


 
(1) Propos rapportés par l’Est Républicain du 15 avril 2009

Solidaires Unitaires Démocratiques Intérieur – Membre de Sud Collectivités Territoriales – Membre de l’Union Syndicale Solidaires – Avril 2009 – 80-82, rue de Montreuil 75011 Paris – contacts à la préfecture de l’Essonne : Philippe Gaudron