Des chiffres qui parlent !!!

+ 40 %

C’est l’augmentation entre 2006 et 2007 du salaire de 77 % des dirigeants des principales grandes entreprises françaises  (1).

+ 2 %

C’est la revalorisation du SMIC au 1er mai 2008 décidée par le gouvernement, arguant du fait que cela pèserait sur la «compétitivité» des entreprises. Un argument curieusement jamais utilisé quand il s’agit des augmentations pourtant substantielles précitées.

+ 0,56 %

Et non 0,8 %, c’est l’augmentation du point d’indice annoncée à ce jour pour 2008 par le Ministre Eric Woerth. Soit donc déjà trois fois moins que les 1,6 % d’inflation prévus pour 2008 (qui seront dépassés). Le mépris continue.

– 6 %

C’est le montant de la diminution de l’impôt payé sur les revenus perçus au titre d’actions détenues dans une entreprise. De 24 % au titre de l’impôt sur le revenu, on passe à un simple prélèvement libératoire de 18 %. Cette confiserie accordée dans le cadre du budget 2008, ravira les gros actionnaires dont Nicolas Sarkozy et le gouvernement sont les fondés de pouvoir. Ainsi, Bernard Arnault, PDG de LVMH, heureux bénéficiaire de 327 millions d’euros de dividendes en 2007, devrait bénéficier d’une ristourne fiscale estimée à 19,56 millions d’euros pour 2008  (2). Le tout, sans travailler plus ! D’autres amis milliardaires du président de la République comme Bolloré, Bouygues, Dassault, Lagardère et Pinault font partie des heureux élus. Aucune trace dans les «grands» médias de cette information. C’est normal, les bénéficiaires cités ici en sont les principaux propriétaires. A la place, une charge régulière contre les «privilèges» des fonctionnaires…

Or, les dividendes versés aux actionnaires ont doublé en 10 ans. Cet allègement de fiscalité va donc coûter cher à l’Etat. Ainsi, le bénéfice des seules entreprises cotées au CAC 40 se chiffrait à 100 milliards d’euros en 2006 dont 40 attribués aux actionnaires. La cuvée 2007 s’annonce encore meilleure et les « dévoreurs » de dividendes sont aux anges, puisque ils vont pouvoir encore plus se goinfrer pendant que les salariés se serreront encore la ceinture.

+ 8,1 % et + 10, 3 %

Ce sont respectivement les pourcentages d’augmentation du dividende versé par action par la BNP Paribas et EDF à leurs actionnaires. Soit largement plus que l’augmentation des salaires consentie ou non aux salariés du privé ou du public.

Plus de 200 milliards d’euros

C’est le montant des exonérations de cotisations sociales accordé aux entreprises depuis 16 ans par les gouvernements successifs pour un effet particulièrement limité sur l’emploi. Autrement dit, les entreprises ont, dans la très grande majorité des cas, utilisé cet argent pour améliorer leur…marge. Ce manque à gagner pour les caisses de la Sécurité sociale et de retraite est compensé par le budget de l’Etat qui se prive ainsi de substantielles recettes. L’effet pervers étant leur ciblage sur les bas salaires, ce qui incite les entreprises, quand elles le font, à recruter prioritairement des salariés aux rémunérations modestes. Une machine à tirer les salaires vers le bas.

40 milliards d’euros

C’est le montant annuel de la fraude fiscale évalué par la Cour des Comptes  (3). Un sacré manque à gagner pour le budget de l’Etat !

41, 5 années de cotisation

C’est le nombre d’années que le gouvernement veut imposer pour qu’un salarié puisse bénéficier d’une retraite à taux plein. Autant dire que le niveau de pension déjà sérieusement écorné par les différentes contre – réformes de 1993, 2003 et 2007, se dégraderait encore. Il n’est pas acceptable de considérer comme pérenne la baisse de 10 points de la part des salaires ayant eu lieu ces dernières années  (4), alors que, dans le même temps, la productivité du travail a continué de croître fortement ( plus de 50 % en 20 ans ). Un tel rééquilibrage de la part des salaires, qu’une augmentation des cotisations patronales peut amorcer, aurait d’ailleurs des effets neutres sur la compétitivité des entreprises s’il était compensé par une baisse des dividendes versés aux actionnaires. C’est parfaitement réalisable.

Révision générale des politiques publiques : des conséquences immédiates à venir pour les préfectures et sous – préfectures

Nous reviendrons ultérieurement plus en détail sur ce sujet dans quelques semaines. Pour les préfectures et sous – préfectures, des mesures rapides s’annoncent déjà, en en attendant d’autres :

  • l’allègement et la centralisation du contrôle de légalité en préfecture (avec création envisagée de pôles régionaux) ;
  • la suppression de la délivrance des CNI et passeports ainsi que de la double instruction des demandes de naturalisation par les préfectures et la direction de la population et des migrations ;
  • la suppression de la commission départementale d’équipement commercial ;
  • le passage de témoins aux professionnels du secteur et l’utilisation massive d’internet pour les transactions entre particuliers pour les cartes grises ;
  • la poursuite de la réorganisation de la gestion des permis de conduire ;
  • la poursuite de la «mutualisation» déjà engagée au niveau régional de certaines tâches (formation, dossiers retraite, paie, ordonnancement notamment) pour d’autres (standard, action sociale, informatique, achats, appui juridique,…) .
  • externalisation de fonctions logistiques à commencer par la flotte des véhicules automobiles de service. Etc…

La vie de bon nombre de sous – préfectures mais aussi celle de services de préfecture, va ainsi se trouver assez rapidement menacée. Avec à la clé pour beaucoup d’agents, une mobilité non souhaitée.

Une première obsession : dégraisser

On retrouve cette obsession dans une note du 12 décembre 2007 produite par le Conseil de modernisation des politiques publiques dans un chapitre intitulé «La modernisation du ministère de l’intérieur (préfectures)» : «La réforme du réseau des préfectures et des sous – préfectures consiste à alléger et moderniser leurs missions». Mais aussi dans le rapport Attali : «L’Etat devra supprimer autant que possible les services en département». Le lien entre les deux est tellement palpable que ce rapport Attali, qui fait explicitement référence à cette Révision Générale des Politiques Publiques (page 193), a quant à lui déjà été cité lors de «séances» organisées ici et là en direction des agents. Une approche que le Préfet de Seine-Maritime a parfaitement comprise lui aussi. On peut lire en effet dans le Flash Pref du 15 octobre 2007 : «Il va naturellement de soi que les options retenues obéissent à un impératif de réduction des coûts humains et financiers». On voudrait la mort du service public qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Bonjour le respect des usagers, qui continueront de subir la dégradation de la qualité du service public !

Une seconde obsession : éliminer le statut de la fonction publique

La multiplication des agences, qui se substitueront peu à peu aux administrations, a bien pour objectif de détruire le statut de la fonction publique. Là encore, le mimétisme est parfait entre la prose du Conseil de la modernisation des politiques publiques et le rapport Attali. Le premier explique le 12 décembre dernier dans le chapitre intitulé, «La simplification des procédures internes à l’Etat», qu’il s’agit «d’offrir une plus grande souplesse de gestion, en créant de véritables structures autonomes». Le second se montrant encore plus explicite : «Assurer aux responsables d’agence la liberté de choix entre les deux modes de recrutement»[public et privé](page 194). En réalité, ce pseudo-choix n’est qu’un leurre, puisque l’objectif, à court terme, est de faire quasiment disparaître le recrutement par…concours, pour le remplacer par un mode contractuel.

La réponse à ces régressions sociales : l’unité d’action public – privé

Face à l’ampleur des attaques contre le monde du travail (salaires, retraites, protection sociale, droit du travail, contrat et licenciement, fonction publique, etc…), notre Union syndicale Solidaires a lancé le 7 février 2008 un appel «à toutes les forces syndicales, associatives et militantes, en vue de se regrouper, dans le respect de nos différences, afin d’oeuvrer à la préparation de cette riposte globale», terriblement nécessaire pour faire reculer le gouvernement. Une première initiative en ce sens est déjà prévue pour le samedi 29 mars 2007 sur les retraites. Un bon début.


 
(1) Chiffres cités par le quotidien économique La Tribune du 12 février 2008 ;
(2) Selon une estimation publiée le 20 novembre 2007 par le site www.bakchich.info et reprise dans le n° 12 du journal Le Plan B (février – avril 2008) ;
(3) Donnée comptable rappelée dans le livre 10 + 1 questions sur la dette à Liêm Hoang -Ngoc paru aux éditions Michalon en 2007(page 8).
(4) Soit un transfert annuel de rémunération des salaires vers le capital se situant entre 120 et 170 milliards d’euros !

Solidaires Unitaires Démocratiques Intérieur – Membre de Sud Collectivités Territoriales – Membre de l’Union Syndicale Solidaires – Février 2008 – 80,82 rue de Montreuil 75011 PARIS